Le spirobranche, bijou des récifs

Zoom sur le ver "Arbre de Noël"

Le ver "arbre de Noël" (Spirobranchus giganteus) est l’un des habitants les plus fascinants des récifs tropicaux. Ses couronnes radiolaires en spirale, colorées et vibrantes, lui ont valu ce nom évocateur¹. Vivant jusqu’à 40 ans², ce ver tubicole appartient à un groupe de 37 espèces¹ et se fixe dans des tubes calcaires qu’il ne quitte jamais² ³. Présent dans les récifs tropicaux et subtropicaux, il habite principalement les coraux vivants, mais des études montrent qu’il peut aussi coloniser des éponges, des ascidies ou des coquilles de bivalves¹. On le retrouve même dans des zones comme les Raja Ampat, où le programme Yaf Keru œuvre activement à la préservation des récifs coralliens et de la biodiversité marine.

Le ver se reproduit en libérant ses gamètes dans l’eau⁴. Une fois fécondées, les larves, attirées par la lumière, se fixent sur des coraux et construisent un tube calcaire, qui est ensuite recouvert par la croissance du corail³.

Filtreur, le ver se nourrit de phytoplancton qu’il capture grâce à ses couronnes radiolaires⁵. Ces dernières, en plus de leur fonction alimentaire, affichent une diversité de couleurs fascinante, parfois liée à la reproduction, la protection ou des signaux de stress¹. Cependant, les raisons précises de cette variété chromatique demeurent un mystère¹. En symbiose avec les coraux, le ver améliore la circulation de l’eau et protège les polypes voisins contre des prédateurs comme l’étoile de mer Acanthaster planci ¹ ³.

Toutefois, lorsque sa densité devient trop élevée, Spirobranchus giganteus peut fragiliser les coraux en stressant les polypes ou en laissant des trous qui entravent leur régénération⁵ ⁶. Malgré ces impacts potentiels, ce ver reste une pièce maîtresse des écosystèmes récifaux, illustrant la complexité des relations marines et l’équilibre délicat des écosystèmes coralliens.

 

Bibliographie :

¹ Idris, Izwandy, Nadia Azeera Mohd-Salleh, et Nur Dalia Natasya Ahmad Fadzil. « Host Preferences and Colouration of Christmas Tree Worms, Spirobranchus Corniculatus (Grube, 1862) from Bidong Island, South China Sea ». In Bidong Island: Natural History and Resources, édité par Ong Meng Chuan, Melissa Beata Martin, Mohd Yusoff Nurulnadia, et Wahizatul Afzan Azmi, 177‑87. Cham: Springer International Publishing, 2022. https://doi.org/10.1007/978-3-030-91924-5_15.

 

² Muller, Ellen, Werner de Gier, Harry A. ten Hove, Godfried W. N. M. van Moorsel, et Bert W. Hoeksema. « Nocturnal Predation of Christmas Tree Worms by a Batwing Coral Crab at Bonaire (Southern Caribbean) ». Diversity 12, no 12 (décembre 2020): 455. https://doi.org/10.3390/d12120455.

 

³ Petrocelly, Gabriella. « The Christmas Tree Worm (Spirobranchus Giganteus) as a Potential Bioindicator of Coral Reef Health ». Berkeley Scientific Journal 27, no 1 (4 juin 2023). https://doi.org/10.5070/BS327161289.

 

⁴ Wolf, Robert Paul. « Recruitment, Settlement and Ontogeny of the Serpulid “Spirobranchus Cariniferus” (Gray, 1843) ». Thesis, Open Access Te Herenga Waka-Victoria University of Wellington, 2020. https://doi.org/10.26686/wgtn.17142797.v1.

 

⁵Schoot, Roeland J. van der, et Bert W. Hoeksema. « Abundance of coral-associated fauna in relation to depth and eutrophication along the leeward side of Curaçao, southern Caribbean ». Marine Environmental Research 181 (1 novembre 2022): 105738. https://doi.org/10.1016/j.marenvres.2022.105738.

 

⁶ Hoeksema, Bert W., Dagmar Wels, Roeland J. van der Schoot, et Harry A. ten Hove. « Coral Injuries Caused by Spirobranchus Opercula with and without Epibiotic Turf Algae at Curaçao ». Marine Biology 166, no 5 (9 avril 2019): 60. https://doi.org/10.1007/s00227-019-3504-6.