Planète Mer, en collaboration avec des chercheurs du Muséum national d'Histoire Naturelle (Station marine de Dinard) et du Centre de GéoEcologie Littorale (EPHE-PSL), a lancé en 2023 un projet ambitieux pour mieux comprendre les écosystèmes côtiers de la Côte d'Émeraude. En associant les données récoltées par des citoyens grâce au programme de sciences participatives BioLit à l'imagerie par drone, cette étude innovante ouvre de nouvelles perspectives pour la surveillance et la gestion des milieux littoraux, particulièrement vulnérables.
Les estrans rocheux, ces zones côtières alternativement immergées et émergées au gré des marées, abritent une biodiversité riche et fragile. Pour mieux les protéger, il est essentiel de les surveiller régulièrement. C'est dans ce contexte que le projet a vu le jour en début 2023. Grâce à l'implication de citoyens dans le protocole « Algues Brunes et Bigorneaux » de BioLit et à l'utilisation de drones, les chercheurs ont pu cartographier avec une grande précision la distribution des macro-algues brunes et des gastéropodes sur l'estran de Saint-Enogat.
Les premiers résultats de cette étude, présentés lors du colloque international ICS2024 (International Coastal Symposium) à Doha, sont très encourageants. Les chercheurs ont notamment mis en évidence :
- Une complémentarité entre les sciences participatives et l'imagerie par drone : les données collectées dans le cadre du programme de sciences participatives BioLit ont pu être utilisées en tant que “vérités-terrain”, nécessaire à la construction des cartographies basée sur les images aériennes acquises par drone.
- Des premiers résultats qui corroborent la zonation verticale connues des estrans rocheux : les premiers résultats de cette étude reflètent bien le préférendum écologique des différentes ceintures d’algues et des gastéropodes. Par exemple, la densité maximale de la gibbule ombiliquée (Steromphala umbilicalis) a été trouvée dans le niveau moyen de l'estran, où la couverture d'algues est plus importante. Ce résultat reflète bien ce qui est connu de ce gastéropode qui sélectionne particulièrement les roches et les algues de la zone médiolittorale dans des conditions abritées.
- Le potentiel remarquable de l'imagerie par drone associé aux sciences participatives : cette méthode innovante, agile et peu couteuse permet de suivre de grandes surfaces en peu de temps et offre une résolution spatiale élevée, idéale pour cartographier les habitats côtiers. Elle s’adapte particulièrement aux suivis des écosystèmes côtiers intertidaux, qui n’offrent qu’une courte fenêtre de suivi, quand les écosystèmes sont découverts à marée basse.
Les chercheurs envisagent désormais d'étendre cette étude à d'autres sites le long de la Côte d'Émeraude afin de mieux comprendre la variabilité spatiale et temporelle de ces écosystèmes. Ils souhaitent également développer des outils d'aide à la décision pour les gestionnaires côtiers, leur permettant de mieux anticiper les impacts du changement climatique et des activités humaines sur ces milieux fragiles.
Pour plus de détails, consultez gratuitement l’article complet publié dans Journal of Coastal Research : “On the Synergy of the UAV Spatial Modelling and Citizen Science for Tidal Coasts: The Case of Canopy-Forming Macroalgae and Gastropods on the Emerald Coast, Brittany, France”.
Référence de l’article :
Bouet, A.; Collin, A.; James, D.; Rintz, C-L.; Dusseau, P.; Lesacher, M., and Feunteun, E., 2024. On the synergy of the UAV spatial modelling and citizen science for tidal coasts: The case of canopy-forming macroalgae and gastropods on the Emerald Coast, Brittany, France. In: Phillips, M.R.; Al-Naemi, S., and Duarte, C.M. (eds.), Coastlines under Global Change: Proceedings from the International Coastal Symposium (ICS) 2024 (Doha, Qatar). Journal of Coastal Research, Special Issue No. 113, pp. 154-158. Charlotte (North Carolina), ISSN 0749-0208.
Crédit photo : Lancieux © CGEL