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Les communautés de pêcheurs des îles Palaos s’engagent dans la gestion durable des stocks halieutiques

A Palaos - archipel de plus de 700 îles situé en Micronésie, dans le Pacifique - les pêcheurs ont été les premiers à constater une diminution des quantités de poissons de récifs au cours des dernières années. Or, il s’agit de leur principale ressource de subsistance, leur alimentation et leur économie étant presque exclusivement tournées vers l’océan.

La cause de ce déclin ? Le développement de la pêche moderne couplé à l’essor du tourisme qui induisent des pressions sur les stocks de poissons, et ce en dépit des pratiques de conservations des îles Palaos et du vaste réseau d’Aires Marines Protégées existant.

Grâce à leur participation au projet d’évaluation des stocks halieutiques piloté par l’association The Nature Conservancy[1], les pêcheurs paloasiens ont pu évaluer objectivement l’ampleur de ce déclin et agir concrètement pour inverser la tendance en apportant des preuves scientifiques aux autorités compétentes.

Description du projet :

Une pêche durable nécessite d’avoir une connaissance précise des ressources halieutiques afin de connaitre le taux maximum de captures qu’il est possible de prélever dans le milieu naturel sans menacer le renouvellement des espèces et ainsi les menacer de disparition. Or, l’évaluation de l’état de ces stocks a un coût prohibitif et est difficilement applicable en raison des contraintes qu’elle impose (collecte pluriannuelle par des experts qualifiés). Seulement 350 des 10 000 pêcheries du monde ont une évaluation complète des stocks, 90% des pêcheries sont donc « pauvres en données », surtout dans les pays en voie de développement.

C’est dans cette idée que The Nature Conservancy est intervenu dans les récifs du Nord de Palaos à travers un projet d’évaluation des stocks halieutiques s’appuyant sur une méthodologie d’évaluation des stocks limités en données. Leur but est d’œuvrer en faveur d’une gestion des pêches plus durable grâce à l’implication active des communautés de pêcheurs. Des études scientifiques ont montré que la durabilité d’une pêcherie nécessite que les poissons capturés atteignent au minimum 20% de leur potentiel reproducteur[2], ceci afin de garantir le renouvellement des générations. Ainsi, à partir de données facilement récupérables (taille des poissons, maturité sexuelle) un ratio du potentiel de fraie peut être réalisé et, couplé aux informations biologiques existantes, permet de renseigner le taux de reproduction de chaque espèce.

A Palaos, les résultats des analyses réalisées sur les prises effectuées entre août 2012 et juin 2013 ont été surprenants : 60% de l’échantillon qui était composé de 2800 poissons capturés étaient juvéniles[3] et ne dépassaient pas 5% de leur période de leur potentiel reproducteur, bien en dessous des 20% recommandés. Les résultats ont donc mis en évidence que les espèces de poissons pêchées étaient vouées à disparaître dans un avenir proche et que les pêcheries de Palaos étaient menacées de disparition. Cette prise de conscience a permis le développement de stratégies de gestion permettant le renouvellement des stocks halieutiques. Grace à l’instauration d’un système de contrôle des pratiques liées aux activités marines dans les récifs du Nord des Palaos en 2014 et à la mise en place de mesures de préservation concrètes (limite des tailles de capture, fermetures temporaires de certaines zones à la pêche…) la tendance a ainsi pu être inversée.

Conclusion :

Il s’agit ici d’un très bel exemple de coopération entre scientifiques et pêcheurs qui a permis d’évaluer objectivement l’état des stocks de poissons sur la base d’une méthodologie scientifique simple, adapter à une petite pêche artisanale et d’adopter, avec les pêcheurs, des stratégies de gestion concrète pour rétablir leur état.

Un projet similaire en cours dans le département du Var…

L’association Planète Mer, en partenariat avec les pêcheurs professionnels varois et le CDPMEM du Var a lancé le projet PELA-Méd, Pêcheurs Engagés pour L’Avenir de la MEDiterranée, en 2018, afin de concilier préservation de la vie marine et les activités humaines qui en dépendent.

Comme les pêcheurs de Palaos, les pêcheurs varois aux petits métiers ont entrepris de mettre en place un suivi de l’état des stocks pour deux espèces : l’oursin comestible (Paracentrotus lividus)[4] et le rouget de roche (Mullus surmuletus)[5].

 

 

 

[1] https://www.nature.org/en-us/about-us/who-we-are/

[2] Soit 20 % de leur capacité à frayer, à se reproduire

[3] Individu qui n’a pas atteint sa taille adulte et qui ne s’est pas reproduit

[4]http://www.planetemer.org/infos/actus/les-p%C3%AAcheurs-impliqu%C3%A9s-d...

[5] http://www.planetemer.org/infos/actus/les-p%C3%AAcheurs-du-var-impliqu%C...